Gestion transfrontalière des prairies de montagne pour une meilleure conservation de la nature au Pays Basque
Les prairies, écosystèmes phares en montagne, sont souvent menacés par un mauvais état de conservation. Au Pays basque, le projet LIFE OREKA MENDIAN a permis de réunir autour de la table les acteurs pastoraux et environnementaux pour améliorer la gestion du pastoralisme et restaurer la nature dans 15 zones Natura2000.
La dégradation des prairies de montagne en question
Les montagnes sont des territoires riches en biodiversité, 43 % des sites Natura2000 se trouvent d’ailleurs en montagne. Cette biodiversité se retrouve notamment dans les forêts, les zones humides ou encore les prairies qui sont l’un des habitats les plus représentés en montagne dans l’UE. Toutefois, nombre de ces prairies sont dans un mauvais état. A l’échelle européenne, l’on estime en effet que 75% des prairies sont dans un état de conservation défavorable. Cela est souvent lié au surpâturage ou à l’inverse au sous-pâturage, qui menace de plus en plus les parcelles en raison de l’abandon des terres.
En Euskadi, l’abandon de certaines parcelles comme espace pastoral a conduit à l’embroussaillement des prairies et à l’apparition d’espèces envahissantes. Cela entraîne des conséquences néfastes sur la préservation des espèces dépendantes de l’habitat de prairie ainsi que sur la fourniture de services écosystémiques associés – comme la prévention du risque incendie, qui augmente à mesure que les prairies s’embroussaillent.
Diagnostic environnemental et gestion agropastorale dans 15 zones Natura2000
Afin de répondre à la mauvaise conservation des prairies basques, le projet OREKA MENDIAN visait à développer une stratégie commune de gestion des pâturages de montagne dans les 15 sites Natura 2000 d’Euskadi et les 8 sites d’Iparralde, comme les parcs de Gorbeia et d’Aralar ou encore les zones entourant le sommet du Jaizkibel. L’agriculture et la conservation de la nature dans les Pyrénées, et plus spécifiquement au Pays basque, étant intrinsèquement transfrontalière, le projet a permis de réunir les acteurs publics et privés du pastoralisme et de la conservation de la nature autour du même objectif.
Les premières années du projet ont été dédiées à l’analyse diagnostique sur chaque site pour identifier les causes de la dégradation des prairies (densité du cheptel, type de bétail, raison et nature de l’embroussaillement, présence d’espèces vulnérables, existence d’une initiative précédente, etc.)
Cela a permis aux acteurs d’élaborer ensuite des plans de gestion des pâturages en collaboration avec les éleveurs et les experts en conservation. La rédaction de ces plans a exigé l’implication de propriétaires, utilisateurs, gestionnaires d’espaces naturels, experts et acteurs locaux de la gestion intégrée et durable des pâturages de montagne, créant en parallèle des opportunités de rencontre et de débat. Cela a également permis d’assurer la conservation de la flore et la fourniture de fourrage pour le bétail, trouvant ainsi un équilibre entre la conservation des prairies et leur utilisation socio-économique.
De plus, des parcelles de prairies ont été réhabilitées grâce à des actions de débroussaillage mécanisé et à la mise en œuvre de mesures pour mieux diriger le bétail vers des zones moins pâturées (installation de blocs de sel, création de points d’eau, etc.)


1 670 hectares de prairies de montagne restaurés
Grâce au projet, plus de 1 670 hectares de prairies de montagne dans 15 sites Natura 2000 ont pu être restaurés. Avec ce succès, le projet s’est vu remettre en 2024 le Prix Natura2000 par la Commission européenne dans la catégorie coopération transfrontalière.
De plus, le projet a également favorisé la protection de zones humides et de tourbières dans les prairies du Pays basque. Cela s’est traduit par l’installation, par exemple dans l’Urkiola et l’Aiako harria, de clôtures perméables autour des zones à protéger, empêchant ainsi leur piétinement par le gros bétail.
Enfin, les activités menées dans le cadre d’OREKA MENDIAN ont eu des impacts de plus long terme sur la valorisation du pastoralisme dans le territoire et sur la reconnaissance des services écosystémiques fournis par les pratiques pastorales traditionnelles.