La chaleur et la sécheresse de 2022 annoncent une année 2023 difficile pour les montagne
L’année 2022 est l’année de tous les records en Europe, selon le rapport sur L’état du Climat en Europe publié aujourd’hui par le Service du Changement Climatique du programme Copernicus de l’Union européenne. L’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe, et les effets de la sécheresse et des incendies de forêt se font déjà sentir ce printemps.
Les Alpes italiennes durement touchées par le manque de précipitations
Les températures élevées ont été associées à un manque de précipitations tout au long de l’année 2022. Au cours du premier semestre, de janvier à août, une grande partie de l’Europe a connu des précipitations inférieures à la moyenne. Sur le continent, les Alpes italiennes ont été parmi les régions les plus touchées. Selon le rapport Copernicus, les chutes de neige au printemps ont été inférieures de 60 % à la moyenne et jusqu’à 75 % par endroits.
La combinaison de températures plus élevées et de précipitations plus faibles n’est pas sans conséquences pour les glaciers de montagne, qui ont continué à perdre en volume à un rythme rapide. En 2022, une forte réduction de la masse des glaciers a été observée au niveau mondial, seuls les glaciers de Scandinavie ayant connu une légère augmentation de leur volume. En raison d’un été chaud et d’un manque de précipitations et de neige en hiver, 2022 a été un triste record pour la fonte des glaciers en Europe, avec une diminution de 5 km3 dans les Alpes, selon le rapport.
La fonte des glaciers a de graves conséquences compte tenu des services écosystémiques qu’ils fournissent, en premier lieu pour l’approvisionnement en eau potable. Dans les Alpes du Nord, par exemple, le lac de Constance, alimenté par les eaux de pluie et de fonte des Alpes, fournit de l’eau potable à environ 4 millions de personnes dans 320 villes et communes du Bade-Wurtemberg.
Deuxième année la plus noire pour les incendies de forêt
Les températures élevées et la sécheresse ont contribué à l’augmentation des feux de forêt en 2022. Selon le rapport de Copernicus, les périodes de hausse des températures et de sécheresse des sols se sont mutuellement renforcées, augmentant le risque incendie dans la majeure partie de l’Europe.
Ces conditions climatiques ont favorisé la propagation de grands feux de forêt sur le continent, avec des incendies extrêmes de plus de 10 000 hectares enregistrés en République tchèque, en France, au Portugal, en Slovénie et en Espagne. Au total, Copernicus estime que plus de 900 000 hectares ont brûlé dans l’Union européenne l’année dernière, ce qui fait de 2022 la deuxième pire année en termes de superficie incendiée.
Une fois de plus, cela a des conséquences importantes pour les forêts de montagne. De nombreux feux se déclarent dans des sites Natura 2000 montagneux, qui abritent une biodiversité riche et unique. En outre, les forêts sont capables d’absorber l’humidité et le CO2, qui est libéré dans l’atmosphère lors des incendies, exacerbant ainsi le réchauffement climatique.
Que nous réserve l’année 2023 ?
Les tristes records de 2022 pourraient se répéter en 2023. Comme l’a montré notre projet de recherche sur les feux de forêt FIRE-RES, la sécheresse hivernale touche de nombreux pays européens. Une carte des sécheresses actuelles en Europe, établie par le programme Copernicus, fait état d’alertes à la faiblesse des précipitations ou de l’humidité du sol dans des régions du nord et du sud de l’Espagne, du nord de l’Italie et du sud de l’Allemagne, ainsi que dans la quasi-totalité de la France.
Ce manque de précipitations augmente inévitablement le risque d’incendies précoces. Dans les Pyrénées-Orientales, en France, un incendie a déjà ravagé 1 000 hectares de forêt cette semaine, propagé par le vent et le sol sec.
Mais les feux ne sont pas les seuls effets de la situation climatique. Dans la même région des Pyrénées-Orientales, le manque de précipitations et le faible niveau du forage local privent déjà d’eau potable quatre villages de montagne depuis début avril.
Le rapport Copernicus sur l’état du climat est une nouvelle illustration de l’hypersensibilité des zones de montagne au changement climatique et une nouvelle preuve de la nécessité de mieux prendre en compte les zones de montagne dans les politiques climatiques et de développement territorial à tous les niveaux.