Changement climatique en montagne : messages clés du dernier rapport du GIEC
Le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Evolution du Climat (GIEC) a publié le rapport de synthèse du 6ème rapport d’évaluation du GIEC. Ce rapport résume l’état des connaissances sur le changement climatique, ses impacts et risques importants, ainsi que sur l’atténuation et l’adaptation. Voici les principaux enseignements concernant les zones de montagne.
Le premier message clé du nouveau rapport du GIEC est que l’étendue et l’ampleur des impacts du changement climatique sont plus importantes que celles estimées lors des évaluations précédentes. À cet égard, le GIEC note que certains effets du changement climatique sont déjà presque irréversibles, comme les effets des changements hydrologiques dus au recul des glaciers ou les changements dans certains écosystèmes de montagne.
Le rapport souligne également que les impacts à court terme dans les zones de montagne sont inévitables. Compte tenu des politiques actuelles de réduction des gaz à effet de serre, il est probable que le réchauffement de la planète dépassera 1,5°C au cours du XXIe siècle et qu’il sera difficile de le maintenir en dessous de 2°C. Les principaux dangers et risques associés attendus à court terme avec un réchauffement mondial de 1,5°C sont les changements liés à la cryosphère qui influencent les inondations, les glissements de terrain et la disponibilité de l’eau, avec de graves conséquences pour les populations, les infrastructures et les économies dans la plupart des régions montagneuses.
Avec 1,5 °C de plus, le GIEC prévoit également une augmentation des incendies de forêt, une mortalité importante des arbres, l’assèchement des tourbières, le dégel du pergélisol et l’affaiblissement des puits de carbone terrestres naturels. Ces impacts ont également un effet boule de neige, car ces événements peuvent augmenter la libération des émissions de gaz à effet de serre stockées, par exemple, dans les forêts et les tourbières, ce qui rendrait les inversions de température plus difficiles.
Le rapport du GIEC montre une nouvelle fois qu’il est urgent d’atténuer le changement climatique afin d’éviter des conséquences plus graves pour les écosystèmes et les populations locales des montagnes (conséquences d’autant plus préoccupantes que les montagnes fournissent des services écosystémiques au-delà de leurs frontières, notamment en matière d’approvisionnement en eau).
Le rapport souligne également la nécessité d’introduire des mesures d’adaptation dans les zones déjà gravement touchées par le changement climatique. Toutefois, le rapport du GIEC souligne que les limites de l’adaptation douce et dure ont déjà été atteintes dans certains secteurs et régions, en particulier dans les zones montagneuses. Le sixième rapport d’évaluation du GIEC « Changements Climatiques 2022 : Impacts, Adaptation et Vulnérabilité », a révélé que la plupart des mesures d’adaptation prises dans les montagnes concernaient principalement l’agriculture et le tourisme, et peu d’autres secteurs. Le rapport, qui comprend un chapitre entier sur les montagnes dirigé par Carolina Adler (chercheuse au MRI, membre de NEMOR), souligne que parmi toutes les mesures d’adaptation signalées, 91 % impliquent des individus ou des ménages, souvent engagés dans l’agriculture paysanne et/ou le pastoralisme. Les gouvernements locaux sont impliqués dans 31 % des cas et les acteurs de la société civile régionale ou locale dans 29 % des actions recensées, tandis que le secteur privé n’est impliqué que dans 10 % des cas.